You are here: Home / Contents / Volume 9 / Article 9.0) Le cercle d’épistémologie: Position de la généalogie des sciences

This project is funded by an Arts and Humanities Research Council (AHRC) research grant and is supported by the Centre for Research in Modern European Philosophy (CRMEP) and Kingston University's Faculty of Arts and Social Sciences.

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Position de la généalogie des sciences

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Des sciences, nul ne dit rien qui aille à leur essence, s’il n’est pas de science des sciences. Telle est la propriété de leur syntaxe qu’on ne les peut faire objet d’un langage qu’à les prendre du biais par où elles sont encore à venir - c’est la discipline dite histoire des sciences, qui ne se penche jamais que sur leur préhistoire ou sur leur progression -, ou à effacer ce qui les distingue dans l’univers du discours - archéologie, antinomique des sciences.

C’est qu’il faudrait les voir du point où elles n’ont pas d’histoire, n’ayant pas de mémoire, et vivent un éternel Présent. C’est un effet de l’éternel Retour de leur naissance, temps infinitésimal ois elles se rendent incessamment indépendantes de ce qui les détermine à être, et renoncent à leur filiation.

Généalogie vient ici désigner le rappel de cette filiation oubliée, selon une inscription assez neutre pour annuler la différence de l’archéologue à l’historien.

Nous disons: généalogie des sciences, mais la science peut bien être au singulier, si l’on prend garde que ce singulier est pluriel. “Toute science est, en tant que recherche, fondée sur le projet d’un secteur d’objectivité délimité; elle est donc nécessairement science particulière” (Heidegger).

Si donc la spécialisation (la pluralisation) de la science est contenue dans son concept, une fonction lui est corrélative, à distinguer comme son Idéal, soit le point impossible d’où elle voit, intégral, son corps morcelé. D’où le mirage de la science idéale, qu’on peut reconnaître en toute conjoncture théorique, à ce qu’une science y règne, astronomie, physique ou biologie, et, donnant à ses partenaires l’idiome universel où elles sont traductibles, leur représente qu’elles sont unes et en elles entières.

Dans le jeu de miroir qui relie le point de l’Idéal à son effet imagé de science idéale, les noms ont pu varier : aux temps classiques, le premier s’est dit Dieu et la seconde géométrie: mais c’est le tour du scientisme moderne que d’avoir refermé cet espace et donné au point impossible, en l’entendant comme la Science, les traits de son corrélat imaginaire.

[4] Devant un noeud si fort de méconnaissance et de savoir, la généalogie doit se faire forçage; face à la belle continuité et à la maîtrise dont la Science est le lieu, elle pourra, à ce prix, faire valoir la rupture et la dépendance qu’elle implique. C’est au savant lui-même qu’elle demandera des comptes, au savant vertueux (car il est probe, objectif et libéral), au savant égalitaire (car tous ont à ses yeux un droit égal au vrai). Elle lui demandera quel est le sort de son désir, rançon de ses vertus, et sous quelle condition il peut soutenir que tous sont égaux devant la vérité.

A ce point, la généalogie doit se faire doctrine de la forclusion, quitte à la poursuivre non seulement dans la position subjective qu’elle fixe, mais aussi dans la politique qui s’y insinue.